- Adrien Briffod avait pu profiter de son expérience olympique, mais celle-ci ne fut qu'une parenthèse enchantée au milieu de ses doutes. (© Adrien Briffod)
Triathlète professionnel, Adrien Briffod a décidé de mettre un terme à sa carrière après plusieurs mois très compliqués. Entre burn-out, perte de sens et quête de liberté, le Veveysan de 31 ans veut se reconstruire à travers le trail, avec une seule priorité : retrouver le plaisir et la joie de vivre.
« La santé mentale est tout aussi importante que la santé physique. Et ça ne pouvait plus continuer. » Après plusieurs mois de lutte intérieure, Adrien Briffod a décidé de tirer la prise de sa carrière de triathlète professionnel. Le besoin de mettre fin au calendrier infernal des entraînements quotidiens, des voyages à répétition et de la recherche de résultats n’était plus seulement un besoin. C’était devenu une nécessité. D’autant plus que des événements dans sa vie personnelle sont venus empirer la situation. « J’ai connu une rupture amoureuse en mai qui a déclenché beaucoup de choses enfouies en moi. À cela s’ajoutait la disparition progressive de ma motivation… »
Quand le rêve devient trop lourd
Les origines de ce mal-être remontent déjà à 2023. « Je sentais déjà que j’avais envie d’autres choses dans la vie, que tout ne tourne pas autour du sport de haut niveau », témoigne le Veveysan. « Mais j’étais en plein processus de qualification pour les Jeux Olympiques, un rêve d’enfant, donc j’ai mis cette réflexion de côté. » Mais une fois l’euphorie parisienne passée, rien n’a changé. La situation s’est même détériorée cette année. En compétition, Adrien Briffod en arrive au point de se demander ce qu’il fait là. Pour sortir de cette spirale, le triathlète a dû apprendre à parler. À verbaliser.
« Le vrai déclic, ça a été de réussir à en parler à mes proches, à mettre des mots sur ce que je vivais. Avant, je gardais beaucoup pour moi en me disant que ça allait passer. » Il entame alors un suivi, échange avec ses entraîneurs… « Mais malgré ça, je sentais que j’avais besoin de plus de liberté et que ça ne passerait pas sur le long terme. » Le Vaudois, au plus bas, décide alors de terminer sa saison en septembre de cette année. Avant d’annoncer samedi dernier à la Fédération suisse de triathlon qu’il arrêtait son sport de toujours.
Se réinventer en montagne
Ces derniers mois, Adrien Briffod s’est posé une question existentielle : qu’est-ce qui pourrait lui faire retrouver sa joie de vivre ? La réponse s’est progressivement imposée à lui à partir du 9 août. À la surprise presque générale, l’athlète de 31 ans a pris le quatrième rang du trail Sierre-Zinal. « À un moment donné, je me suis dit que peu importe ma place finale, je voulais juste profiter. Que je finisse troisième ou dixième, ça n’aurait rien changé : j’avais vécu quelque chose d’incroyable. » De quoi lui permettre de rallumer – un peu – la flamme. Et surtout de vouloir désormais se concentrer sur la course de montagne, sans arrêter le sport de haut niveau.
« J’ai envie de me concentrer sur le trail court, dans l’esprit Golden Trail Series, mais sans trop voyager à l’autre bout du monde. J’ai envie d’être performant, tout en gardant le plaisir comme priorité. Être en montagne, avoir de la liberté… C’est ce que j’aime et ce dont j’ai besoin. » Telles sont les conditions d’Adrien Briffod pour son nouveau départ. Aujourd’hui, le Veveysan se reconstruit loin du triathlon, mais toujours au plus près de ses sensations. Et quand on lui demande ce qu’on peut lui souhaiter, sa réponse est simple : « D’être heureux, d’être bien dans ma vie, d’apprécier ce que je fais. Je pense avoir traversé un burn-out, ou une dépression. En septembre, j’étais vraiment mal. Mais, petit à petit, je commence à retrouver cette joie de vivre. »
L'interview
Thierry Nicolet










































